Une petite leçon de créole (je ne vais pas vous faire l'injure de traduire cela ..) pour vous retrouvez ce dimanche 02 octobre ... voilà 1 mois que je suis devenu un insulaire, loin de l'Europe et de son organisation, loin de mes habitudes, loin de mes proches et de des amis, loin de mon boulot et l'on peut dire que l'adaptation se fait lentement. Se retrouver seul à certains avantages, je ne vous le cache pas, on décide seul, on ne se soucie pas des envies ou humeurs de ces compagnons de route durant les semaines et weekends, on gère ses horaires d'après boulot un peu comme bon vous semble et une foule de petits détails que j'oublie ici ...
Par contre, nous sommes toujours dans cette dualité, le Yin et le Yang, des forces à la fois contraires et complémentaires, et si je peux résumer les revers de cette 'solitude', c'est que "le bonheur n'est vrai que s'il est partagé"(c'est une des dernières phrases du film Into The Wild), et cela se vérifie. Il m'est parfois encore compliqué de gérer un nouveau job ou en tout cas un environnement professionnel tout à fait différent et aussi la vie quotidienne avec toutes ses tâches et actions qu'il faut faire pour vivre, manger, boire et tout le reste. Tout cela se bouscule encore un peu pour moi, il me manque toujours quelque lorsque je reviens du supermarché, ma liste des objets manquants pour le studio n'est jamais complète, et puis surtout et sans avoir honte de le dire, il y a ces moments de cafard en pensant à ceux que j'aime et à ceux qui me manquent. Une belle leçon de vie cette mission ici en Haïti.
Bon assez de sentimentalisme pour aujourd'hui, parlons un peu de mon boulot et de quelques Haïtiens qui font mon quotidien depuis un mois. il y a d'abord les chauffeurs sans qui je n'irais pas bien loin ici à PAP. Sécurité oblige, ils vous accompagnent dans vos moindres déplacements, du distributeur de billets jusqu'au supermarché en passant par le snack du midi pour le sandwich et les sorties du soir ou du weekend (restaurant, ...). Ils vous parlent de leur quotidien, ils vous donnent leur avis sur la politique locale, ils vous indiquent le bon petit poulet grillé à grignoter le soir après le boulot, .. Ils s'appellent Frantzy, Jeanty, Philistin, Marc-Donald, Macena, pour vous citer ici les prénoms les moins utilisés en Europe, mais il y a aussi Gregory, Serge, Jean-Claude ...
Et puis au laboratoire de l'Hôpital Universitaire de la Paix (HUP), je retrouve tous les jours les techniciennes (en grande majorité) et quelques techniciens avec qui une confiance se crée peu à peu. En effet, il n'est pas facile de débarquer au sein d'un laboratoire et de demander de modifier de nombreuses habitudes de travail et de plus, ajouter des tâches et procédures pour améliorer la qualité du travail. A leur place, je pense que je ne verrais pas d'un bon oeil un quidam débarqué dans
mon travail et tenter d'imposer de nouvelles règles ... Une règle d'or en tout cas que je tente d'appliquer ici est d'être patient, de tenter de comprendre la culture locale (qui influe de toute manière sur le travail) mais surtout de les considérer comme tout aussi compétents que quiconque qui exerce le même métier à travers le monde.
Dans l'équipe, il y a Marjorie, qui rigole tout le temps quand je lui pose des questions, il y a Adélaïde, la responsable du laboratoire qui tente de tenir ses ouailles, il y a Jessie qui me dit toujours 'Bonjour Monsieur Frédéric'! Et il y a aussi Guerda, Yvelore, Sherline, Isphernia, Lioudid, Apoline, Myrlène, Mirlande, Shirsky, Daphenie, ... Certaines encore avec un regard méfiant et d'autres encore, indifférentes à ma présence. Au milieu de toute cette équipe féminine, Jackson, Fritzner et Midlin essayent de se faire entendre mais sans grand succès, il faut bien le dire. Pourtant mon ami Midlin, plus grand et plus costaud que moi a l'envergure de s'imposer mais sa timidité prend vite le dessus. Il m'a murmuré d'ailleurs cette semaine à l'oreille de savoir s'il serait possible d'avoir des nouveaux tabliers de laboratoire, lui qui porte pour l'instant une taille 50 alors qu'il devrait au moins posséder un tablier taille 62!
Je vous raconterai certainement l'évolution de ma mission à HUP, savoir si tout se passe dans la sérénité et si nous restons ensemble sur le bon chemin.
Je ne vous quitte pas sans le petit moment musical, cette fois honneur à la Belgique et ses nombreux artistes qui ont depuis des décennies jouer un rôle assez important sur la scène musicale internationale (n'ayons pas peur de le dire!). Plusieurs groupes ou solistes me viennent à l'esprit mais pour démarrer ma 'compilation' belge, autant commencer par les années 80 et le son Cold-wave / Electro de Front 242. Une anecdote liée à ce groupe dirons-nous aux allures 'para-militaires' me hante encore quelque fois quand j'écoute leurs morceaux aux beats et rythmes assez durs et répétitifs. J'étais à l'un de leurs concerts en 1984 (ou 1985?) au Plan K, salle bruxelloise connue à l'époque au bord du canal à Molenbeek. Je ne vous décris pas l'ambiance, vous vous en doutez un peu, un lieu sombre, industriel, des poutres en fer, des murs de briques et des murs de synthés de Front qui déboule sur scène en combat-shoes et pantalon et veste camouflage. Le public habillé pareil criant et gesticulant au son lourd du groupe d'un soir. Et au milieu de ces joyeux lurons, Fred, son jeans propre du jour, des docksides aux pieds et une veste tout aussi claire que le t-shirt porté en-dessous. Autant vous dire que je me suis senti très peu à mon affaire durant tout le concert, je pense n'avoir pas bougé d'un centimètre et me suis éclipsé rapidement après le dernier morceau, ai-je attendu jusqu'au rappel ? Malgré tout, j'ai été impressionner de la puissance dégagée ce soir là par ces gars qui jouaient à fond sur leur image froide et ténébreuse. Un bon souvenir malgré tout, j'en suis sorti vivant !
Prenez soin de vous.
Fred
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